L’insécurité qui gangrène l’entrée du Grand Sud d’Haïti a pris une ampleur alarmante, rendant de plus en plus difficile l’accès aux quatre départements de cette région. Outre Martissant en 2021, les zones de Carrefour, Mariani et Gressier sont désormais sous l’emprise des gangs qui dictent leur loi, depuis fin 2023. Ces lieux de passage clé pour relier Port-au-Prince à région la sud du pays, sont devenus impraticables, obligeant les voyageurs à emprunter des itinéraires détournés et dangereux.
Les gangs, bien organisés et lourdement armés, contrôlent les principales routes reliant la capitale aux départements Grand-Anse , Sud, Nippes et Sud-est. Les passages à Martissant, Carrefour, Mariani et Gressier sont devenus synonymes d’extorsions, d’agressions, et de dangers constants. Chaque fois qu’on doit traverser ces zones, c’est une loterie avec la vie. Il n’y a aucune garantie de sécurité, que ce soit de jour ou de nuit, selon le témoignage de plusieurs chauffeurs, qui effectuent régulièrement des voyages vers Jacmel.
La commune de Carrefour, qui sert de zone stratégique entre Port-au-Prince et le Sud, est désormais l’un des points les plus dangereux depuis le début de l’année 2024. De même, Mariani et Gressier, qui étaient autrefois des endroits relativement sûres pour les voyageurs, sont devenus des zones de non-droit. « Les gangs rançonnent tout le monde. Il n’y a pas de protection, même la police ne peut plus assurer notre sécurité sur ces routes», déplore un usager de la route.
Le passage par séguin, une alternative incertaine
En raison de cette insécurité généralisée, de nombreux voyageurs n’ont d’autre choix que de contourner ces zones par la route de Séguin, un chemin de montagne qui relie la commune de Kenscoff au département du Sud-Est du pays. Bien que plus sûre que les routes principales, cette voie est loin d’être idéale. L’état des infrastructures est catastrophique, avec des routes escarpées et souvent impraticables en saison de pluies. « Passer par Séguin, c’est ajouter plusieurs heures à votre trajet, avec le risque de rester bloqué en chemin. Mais au moins, c’est plus sûr que d’affronter les gangs à Carrefour ou à Mariani», explique Jonas, un habitué de cette route.
Le contournement par Séguin, autrefois occasionnel, est devenu la seule option viable pour de nombreux usagers. Cependant, les conditions précaires et l’état de délabrement avancé des infrastructures rendent cette alternative difficilement praticable à long terme.
Des conséquences économiques sévères
L’impact de cette insécurité sur l’économie locale est significatif. Le transport des marchandises entre Port-au-Prince et le Grand Sud est de plus en plus coûteux et risqué. De nombreux commerçants perdent des heures, voire des journées, à contourner les zones dangereuses, entraînant des retards de livraison et des pertes financières importantes. C’est toute l’économie qui souffre. Les produits frais arrivent en retard, ou parfois pas du tout. Cela coûte très cher, selon les de plusieurs commerçants qui se sentent lassés de cette situation.
En outre, les résidents du Sud-Est, notamment ceux qui dépendent de Port-au-Prince pour leurs soins médicaux, leur éducation ou d’autres services essentiels, sont gravement affectés par cette situation. Les trajets qui prenaient autrefois quelques heures peuvent désormais s’étendre sur toute une journée. « Quand vous avez une urgence médicale, il n’y a pas de solution rapide. Vous êtes à la merci des routes et des gangs», déclare Martha, une habitante de Jacmel.
Face à cette situation, les appels à l’aide des habitants du Grand Sud se multiplient. Alors que les actions concrètes des autorités tardent à se matérialiser. Bien que quelques opérations policières aient été menées, elles n’ont pas permis, jusqu’à présent, de rétablir un climat de sécurité durable dans ces zones. Puisque les interventions ne sont pas ponctuelles. Et des stratégie nécessaires ne semblent pas utilisées pour reprendre le contrôle des routes.
De ce fait, les habitants réclament l’intervention des autorités de l’État sur les routes secondaires, notamment celle de Séguin, afin de garantir un passage plus sûr et plus accessible pour améliorer le trafic en attendant que tout revient à l’ordre.
PS: L’image utilisée dans cet article est de @AyiboPoste