Autrefois reconnue comme l’une des villes les plus salubres d’Haïti, Jacmel sombre aujourd’hui dans l’insalubrité. Les rues autrefois propres sont désormais envahies par des montagnes de déchets, transformant la perle touristique en un foyer de pollution inquiétant. Face à cette crise, les habitants et les autorités semblent démunis.
Jacmel, souvent citée comme exemple de propreté et d’attrait touristique, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Dans chaque coin de rue, les déchets s’amoncellent. Des sacs plastiques, restes de nourriture et détritus divers obstruent les caniveaux, transformant les routes en de véritables décharges à ciel ouvert. Ce constat attriste les citoyens qui se souviennent d’une époque où Jacmel faisait la fierté du pays par son souci de la propreté.
« Nous étions un modèle pour Haïti, aujourd’hui, c’est la honte », confie Martine, une commerçante du centre commercial Beaudouin. Elle, comme beaucoup d’autres, blâme la défaillance des services municipaux. Depuis des mois, la collecte des ordures est devenue irrégulière, voire inexistante dans certains quartiers. Conséquence : les rats et les insectes prolifèrent, exposant la population à de graves risques sanitaires.
Les hôpitaux locaux sont à la portée d’une recrudescence des cas de maladies liées à l’insalubrité, telles que la diarrhée, la typhoïde, la malaria, etc. Cette situation est particulièrement inquiétante pour les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées. « L’insalubrité pourrait aggraver les problèmes de santé publique et déclencher une véritable crise sanitaire si rien n’est fait », selon Marie Phara, une étudiante en Sciences infirmières.
Pourtant, Jacmel n’a pas toujours été ainsi. Pendant des années, elle s’était illustrée par des initiatives communautaires et des projets municipaux visant à maintenir ses rues propres et attrayantes, notamment en raison de son potentiel touristique. Ces efforts seraient abandonnés, laissant la ville s’enfoncer dans une crise de gestion des déchets.
Les autorités municipales évoquent un manque de ressources pour expliquer cette situation. Cependant, pour les habitants, cela relève plutôt d’un manque de volonté politique. Plusieurs citoyens ont même pris l’initiative de mener des actions de nettoyage de manière bénévole, mais ces efforts isolés ne suffisent pas à résoudre un problème aussi systémique. « On ne peut pas tout faire seuls », explique Agronome Ernst Jean Philippe à l’émission Koze Agrikòl, radio Sud-est Star. « Il faut une vraie politique de gestion des déchets, avec des sanctions pour ceux qui polluent et des infrastructures adaptées. Sinon, tout cela ne fait que repousser le problème», a-t-il ajouté.
Alors que Jacmel était jadis une fierté nationale en matière de salubrité, elle se bat aujourd’hui pour sa survie environnementale. Si aucune mesure drastique n’est prise, la ville pourrait non seulement perdre son attrait touristique, mais aussi exposer ses habitants à une crise sanitaire majeure. Reste à voir si la fierté d’antan saura renaître des montagnes de déchets qui l’étouffent.
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