Depuis plusieurs années, le deuxième pays indépendant du continent américain, après les États-Unis, est plongé dans un chaos total, où d’importantes parties du territoire sont contrôlées par des groupes armés. Encore en 2024, les gangs qui dirigent la capitale et ses zones voisines à plus de 70 % maintiennent davantage leurs offensives sur de nouveaux territoires, contraignant ainsi la population à fuir leur maison en masse. Indignés face à une telle situation, de nombreux citoyens sont obligés de quitter le pays ou continuer à forger leur destin à l’ombre du désespoir.
Hommes, femmes, enfants, vieillards, personnes à mobilité réduite, à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince, fuient leurs domiciles, en plein jour, parfois en pleine nuit et même sous la pluie, sans destination, tentant de se mettre à l’abri. Depuis l’une des premières invasions dans le quartier de Martissant, le 1er juin 2021, par des individus des quartiers voisins, la série de violences se poursuit sans aucune décision de l’État haïtien pour freiner les actions des assaillants. Si, trois ans auparavant, l’entrée sud de la capitale était le principal problème en raison de l’insécurité, aujourd’hui, c’est le même tableau pour tous les grands axes du département de l’Ouest, bastion politico-économique du pays.
Depuis le début de ce mois d’octobre, les habitants de la commune de l’Arcahaie sont sous tension après des attaques d’un gang opérant dans la zone de Canaan, à l’entrée nord de la capitale. Par ailleurs, la situation dans la zone de Solino, en plein cœur de la capitale, n’est pas différente. En effet, depuis jeudi 17 octobre, des individus armés du quartier de Bélair ont lancé une offensive sans précédent contre les habitants, qui sont obligés de quitter leurs maisons sans même savoir où aller.
Il convient toutefois de rappeler que ces attaques sont survenues près de deux semaines après l’exécution de plus de 70 personnes dans la zone de Pont-Sondé, située dans le département de l’Artibonite.
Alors que depuis Juin dernier, l’Organisation de Nations Unis (ONU) a tiré la sonnette d’alarme et solliciter une sérieuse coopération de la communauté internationale pour aider le pays à faire face à l’insécurité. « L’escalade de violence des gangs et l’instabilité politique en Haïti ont forcé un nombre record de 578 074 déplacements internes en 2024, dont plus de 310 000 femmes et filles et 180 000 enfants, soit plus du double du chiffre de 2022, entrainant dans le pays le plus grand nombre de déplacements dans le monde en raison de la violence liée à la criminalité », peut-on lire dans un article de l’organisation mondiale.
« Nous demandons à la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en Haïti de soutenir la police nationale et d’apporter la sécurité au peuple haïtien, dans des conditions conformes aux normes et standards internationaux en matière de droits humains.», a-t-elle ajouté.
Suite à ces différentes attaques perpétrées par des groupes armés, ceux qui n’ont pas encore quitté le pays pour une destination étrangère, se sont pris au piège et ne cessent, pour cause, d’appeler à l’aide auprès de l’État, à travers la Police nationale et la MMAS, dirigée par le Kenya depuis son arrivée sur le territoire en juin dernier. Les résidents des communes avoisinantes de Port-au-Prince, telles que Gressier, Ganthier, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Cabaret, et Petite-Rivière de l’Artibonite, entre autres, sont exaspérés par la passivité ou l’incapacité de l’armée d’Haïti, de la police et des forces étrangères.
Bien que la Police nationale, de concert avec les forces kényanes, ait mené des opérations en août dernier dans plusieurs quartiers de la périphérie de Port-au-Prince, la situation reste la même, voire s’aggrave. D’ailleurs, la facilité avec laquelle les bandits armés de la coalition “Viv Ansanm” continuent de contrôler de nouveaux territoires témoigne de l’échec de ces prétendues opérations.
Alors que la population ne sait plus vers qui se tourner dans un tel contexte, les violences se poursuivent dans l’aire métropolitaine chaque jour. La capitale est prise en otage par des centaines d’hommes armés, poussant les habitants à fuir au quotidien. Pendant ce temps, le Premier ministre Garry Conille et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) sont à couteau tiré pour des affaires politiques alors qu’ils devraient se concentrer sur les défis liés à la sécurité des citoyens.